Capter l’attention des élèves : quelques pistes pour les enseignants

L’attention est devenue une denrée précieuse, que les applications et réseaux sociaux tentent de capter par tous les moyens. Les jeunes sont au cœur de cette bataille pour l’attention, avec pour conséquence l’augmentation drastique du temps passé devant les écrans récréatifs (trois heures par jour en moyenne pour les 3 à 17 ans). Face à cette situation, qui est un enjeu de santé publique, les enseignants jouent un rôle primordial. En effet, ils ont à cœur de mobiliser l’attention des élèves pour que ceux-ci la dirigent vers l’acquisition d’un nouveau savoir. Sacré défi dans un monde devenu si rapide et stimulant !

Voici quelques pistes tirées de la pédagogie des gestes mentaux (gestion mentale), qui sauront peut-être les épauler dans leur tâche.

Piste n°1 : diriger l’attention des élèves grâce aux consignes

Une consigne bien construite aide l’élève à diriger son attention : elle sert de « rails » pour que le cerveau se mette en route dans la bonne direction (comprendre, mémoriser, réactiver, réfléchir…). Une astuce est de s’assurer d’avoir toujours un « pour » dans sa consigne.

Prenons la mémorisation d’une notion. Les élèves seront plus attentifs si le process est annoncé :

Par exemple : « Je vais écrire une règle au tableau. Vous allez la lire et la mettre dans votre tête pour pouvoir la redire à la fin du cours le plus fidèlement possible. »

Ici sont annoncés :

  • la perception : lire ce qui est écrit au tableau
  • l’action mentale : le faire exister mentalement
  • l’objectif : pour le redire le plus fidèlement possible à la fin du cours

Annoncer un petit temps de pause pour que les élèves puissent se remémorer la règle peut aussi les aider à se mobiliser :

« Je cacherai la règle et vous aurez un petit temps de pause, en silence, pour vérifier que vous l’avez dans votre tête ».

Les temps de réactivation peuvent aussi être annoncés, par exemple en fin de cours :

« Vous allez prendre un temps pour repenser à la notion que vous avez apprise aujourd’hui. Gardez-la en mémoire pour être capable la redonner en début du prochain cours. »

Piste n°2 : prendre un temps particulier pour annoncer les activités complexes

Un protocole a été testé par une professeur documentaliste durant un an dans une classe de 6ème d’un collège situé en REP au sein de l’agglomération rouennaise. Elle a expérimenté de prendre un temps particulier pour annoncer les consignes lorsqu’elle lançait une activité complexe.

Voici son protocole :

L’annonce de la consigne est effectuée sans matériel sur la table. Elle prévient les élèves qu’une consigne va être donnée : 

« Je vais d’abord vous expliquer la consigne. Puis je vais la redire pour que vous la mémorisiez. Enfin, vous aurez un temps pour la mettre dans votre tête avant de démarrer l’activité ».

1) Elle prend d’abord un temps pour expliquer la consigne : définir les mots, reformuler, montrer le matériel…

2) En deuxième temps, elle annonce qu’elle va dire la consigne pour que les élèves la mémorisent.

La consigne est donnée avec une phrase claire, sans ajouts, rien de plus que la consigne.

3) Elle laisse ensuite un temps de « pause récapitulative » : un temps de silence pendant lequel les élèves se récapitulent mentalement la consigne (quelques secondes)

4) Enfin, quand les élèves commencent à bouger, elle donne le matériel sans parler et l’activité démarre sans plus de commentaires de sa part.

Voici les résultats constatés après un an :

  • les élèves sont concentrés lors de l’annonce de la consigne
  • à la fin du protocole d’annonce de la consigne, ils se mettent au travail sans bruit
  • durant l’activité, ils ne posent quasiment pas de questions car tout a été éclairci en amont et la consigne a été mémorisée

Piste n°3 : regarder ou écouter, mais pas les deux à la fois

Il a été prouvé par les neuroscientifiques que le cerveau ne peut pas faire deux choses à la fois (sauf pour une tâche automatisée). Cela vaut pour les perceptions. Une perception « par les oreilles » va gêner une perception « par les yeux ». L’idée est donc de ne solliciter qu’un sens à la fois (on appelle cela « dissocier les perceptions »). Lorsque l’on donne un document à lire, si l’on parle en même temps, la lecture sera fortement gênée. Inversement, lorsque l’on annonce une consigne à l’oral, il faut éviter que les élèves aient un document sous les yeux. Il est donc fortement conseillé de leur demander de fermer leurs cahiers, de retourner leurs polycopiés, de cacher le tableau ou d’éteindre le projecteur…

Aider les élèves à être attentifs

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