L’adolescence est une « délicate transition », pour reprendre les mots de Victor Hugo. C’est le passage de l’enfance, période d’attachement à la famille, à l’âge adulte, qui est à inventer. Qui suis-je et comment vais-je me définir ? Voilà la question que se pose l’adolescent, qui va répondre en explorant le champ des possibles, en faisant des choix, mais également en cherchant les limites et en se confrontant à l’autre.

Cette période peut être complexe au niveau du travail scolaire, car l’adolescent est en demande de liberté sans savoir toujours comment s’y prendre. Je reçois nombre de parents dont les collégiens veulent travailler seul, ce qui est normal et sain, mais dont l’autonomie est fragile. Les effets s’observent rapidement : les contrôles sont moins bien préparés, les parents viennent à la rescousse la veille des devoirs maison… Il y a un équilibre à trouver, pour que le jeune se responsabilise mais ne décroche pas. En tant que parent, quelle posture adopter ? Explorons quelques pistes ensemble.

Honorer le plein plutôt que le manque

La première chose est de garder une attitude positive malgré les difficultés. De féliciter et d’encourager votre adolescent, de soutenir sa créativité. Le psychiatre Philippe Lacadée nous invite à « rendre vivante la langue qu’ils ont en eux ». Recevez leur singularité et donnez-leur le coup de pouce pour qu’ils puissent « se donner à voir et à entendre ». Sentez là où il y a de la joie et partagez cet élan de motivation. Tant que faire se peut, il est bon de ne pas imposer de modèle. Laisser les faire à leur façon, ils ont besoin de se trouver. Bien sûr, tout en maintenant les limites indispensables à leur bien-être, notamment vis-à-vis du temps d’écran et de sommeil.

Décoller les étiquettes

Quand la scolarité est source de conflits et qu’elle prend trop de place, on peut avoir tendance à considérer son enfant essentiellement comme un élève, et en l’occurrence un « élève qui manque d’organisation », « démotivé », etc. Les pratiques narratives[1] nous incitent à « décoller les étiquettes », pour que l’adolescent ne s’enferme pas dans cette image dévalorisante qui lui colle à la peau. Nous sommes « multi-histoires », et l’école raconte une histoire sur votre enfant. Mais ce n’est pas la seule histoire qui le définit. Il peut raconter d’autres récits sur lui, dans lesquels il éprouve de la motivation et de la joie. C’est ce qui se vit lorsque je propose en séance un dialogue pédagogique de réussite, afin de trouver dans les loisirs ce qui a du sens pour le jeune, et les stratégies qu’il emploie pour mener à bien ses projets. L’objectif : lui donner confiance en sa capacité d’apprendre.

Distinguer la personne du problème

Les pratiques narratives nous encouragent également à considérer le problème comme une entité à part : « la personne est la personne, le problème est le problème, la personne n’est pas le problème (et les autres non plus !) ». La première étape : nommer le problème. Demandez à votre enfant : « Si le problème était un livre, quel titre lui donnerais-tu ? ». Cela peut donner : « ennui en cours », « peur de l’échec » ou « marre des devoirs ». Donnez vous-même un titre : vous ne considérez sans doute pas les choses de la même manière. Ensuite, en famille, menez l’enquête sur le problème, pour comprendre comment il vit et se nourrit. Voici une liste de question qui peuvent vous aider à mieux le cerner :

  • Depuis quand « nom du problème » est entré dans ta vie ?
  • Comment il t’attrape ?
  • Quels sont ses effets sur la famille ? Sur toi ?
  • Qui est son ami/ennemi ? Sur qui tu peux compter pour le faire partir ?
  • Quand est-ce qu’il n’arrive pas à t’atteindre ?
  • Qu’as-tu essayé pour le contrer ? Comment tu lui résistes ?

Ecoutez les exemples que donne votre ado. Ensuite, faite une liste de ce que chacun pense pouvoir faire pour combattre le problème. Définissez ce qui est non négociable pour vous et trouvez des points d’entente. Le plan d’attaque est prêt !

Faire face au découragement

L’objectif de ces conseils est d’éviter le découragement de votre enfant. En effet, il a été constaté sur imagerie cérébrale que cela empêche l’activation des neurones[2]. Si l’enfant se sent capable de réussir, alors il « rebranche » son cerveau et peut à nouveau essayer de comprendre et retenir.

Répondre au besoin d’aide

Toutefois, en tant que pédagogue, je connais la souffrance de la non-réussite. La motivation et l’encouragement ne suffisent pas, il faut avoir les moyens d’avancer. Comme le dit Antoine de la Garanderie : « Il est extrêmement pénible de vivre avec un rappel constant de ses limites mentales. Sitôt qu’on a compris comment les surmonter, on reprend confiance. La vie s’ouvre devant soi. On a des projets de progrès. »

Ainsi, si vous sentez votre enfant en difficulté, n’hésitez pas à faire appel à des professionnels. Un soutien scolaire adapté, c’est-à-dire un véritable accompagnement pédagogique individualisé, ciblé sur la méthode de travail, permettra à votre ado de se connaître, de faire le point sur ses ressources et sa motivation, pour retrouver le goût d’apprendre (tout en le faisant à sa manière !).

Privilégier la relation

Enfin, il arrive d’avoir peur pour son enfant… Va-t-il s’en sortir dans la vie ? Faut-il que je sois plus exigeant.e ? Essayez de comprendre d’où viennent vos craintes, faites confiance aux enseignants et privilégiez votre relation plus que tout ! Ne vous culpabilisez pas, si vous vous intéressez à cet article c’est que vous avez la bonne posture.


[1] Dina Scherrer, Echec scolaire, une autre histoire possible: Le coaching au service des jeunes en difficulté, Broché

[2] Aide ton cerveau à mieux apprendre ! Steve Masson (Youtube)

Adolescents et travail scolaire : quelle posture adopter ?

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